41 ans lors de la signature de la pétition du 01/07/1957, revendiquant un profit équitable sur l’exploitation du pétrole de leur sous-sol.
Il naît en 1916 au village Nyolokwè (propriété du clan « Agondjo n’Awenga n’Ayandji »), un enfant nommé : Ogoula « Wora » Gustave.
Wora parce qu’il a une jumelle dénommée Ngwèyèno. Wora est le nom donné au premier sorti des deux enfants. Le deuxième est nommé Yèno si c’est un garçon et Ngwèyèno si c’est une fille.
Fils, d’Eténo Clément (Zi Pandia) du clan « Assomba n’Ayamba, descendant d’Ogandaga yi Npandia y’Igongo Nkonga yi Ziza y’Ewoulou », et de Bita Marguerithe du clan « Agondjo n’Awenga ».
Sa mère venait du village : Ossagnia Mongo « Go Mbinda » ayant pour chef-lieu Ngola. C’est le premier village rencontré lorsqu’on remonte l’Ogooué en partant de Port-Gentil.
Il convient de préciser que sa mère, Bita était de père Sénégalais et de mère Orungu.
Elle eut trois enfants, Ogoula « Wora » Gustave dit Déguisse, Ngwèyèno et Owanga.
Très tôt, Déguisse rejoint sa famille paternelle (son père, Eténo Zi Pandia).
Pour ses études, son père l’inscrivit à l’école de la Mission catholique Sainte-Anne d’Ondimba (Fernan-Vaz). Celle-ci avait bonne réputation.
Cependant, son oncle maternel, appelé Razinguè, grand chef, détenteur des reliques ancestrales, donc du pouvoir du clan et maître Bwitiste n’avait eu que des filles (deux, 2).
Or, n’ayant pas eu de fils, cela posait un réel problème de succession au niveau de la continuité de la chefferie.
Alors, le chef Razinguè sentant sa fin prochaine, sollicita auprès de la famille paternelle le retour de son neveu Ogoula « Wora » Gustave, dans sa branche maternelle.
La transmission du pouvoir ne se pratiquant que sur l’épaule du fils de la sœur et non sur celle du
fils du frère. L’héritier étant le neveu utérin de l’oncle Razinguè. Suprématie du matriarcat oblige.
Spirituel et tradipraticien désintéressé
Son oncle l’initia au Bwiti et à la « pharmacopée ». Déguisse resta longtemps aux côtés de son oncle, l’accompagnant dans ses différentes pérégrinations, « Ngozés, ci-et-là, alentour ». C’est ainsi qu’il acquit rapidement le don de guérir, soigner avec les plantes, le magnétisme.
Il n’avait pas le don de la voyance. Ainsi, lorsqu’il recevait un patient à traiter, il l’envoyait d’abord se faire ausculter chez le « Voyant à quatre yeux ». Ensuite, avec les informations recueillies, le rapport du voyant sur le type de trouble ou persécution du patient ; Déguisse pouvait circonscrire « ce qui habitait » le malade et pouvait lui préparer une potion, un bain, remède.
Il ne demandait pas de paiement avant la guérison du patient. Pas d’« Orawo » comme actuellement ou le guérisseur donne l’impression d’être d’abord préoccupé par le montant de l’Orawo que par l’état du malade. Déguisse était encore dans le symbolisme. Il considérait qu’en tant que guérisseur, il avait une obligation de « résultat » avant tout paiement.
Toutefois, il disait au malade « Si jamais, tu te sens guéri, tu sais ce qui te restera à faire à mon égard ».
C’est ainsi qu’à la mort de son oncle Razinguè, Ogoula « Wora » Déguisse monte sur le trône du clan. Le jeune chef est très écouté, respecté et adulé par les siens. Il hérita bien entendu du « Bwiti » de son oncle appelé « Mwanga, ce qui signifie « Être source de toute chose, toute vie ». Il était parmi les rares hommes initiés au Ndjembè (Société secrète réservée aux femmes).
Homme juste et libre
Il n’a pas travaillé dans une entreprise. ; très aimant ; comique avec un grand sens de l’humour. Très attaché à la culture et à la tradition Bwitiste et du Ndjembè. Lorsqu’il recevait ses petits-enfanfs dans son village : avant de déposer leurs bagages dans une maison, ils devaient d’abord aller les « présenter » à « Iguénoh du Bwiti», pénétrer ensuite dans la « Maison du Bwiti » puis faisaient le tour du « Mbandja » avant de s’assoir dans celui-ci. Son petit-fils, « Routier » n’a pas oublier ce rituel. Il en parle avec passion et regret de ce « temps béni » autour du grand-père Déguisse.
À un moment donné de sa vie, « Grand-père » a eu le choix entre la prêtrise catholique et la voie intiatique du Bwiti, il a opté pour le Bwiti.
Chef de terre, dans son arrière-pays, il pratiquait l’agriculture et la pêche, ce qui faisait de lui un homme libre qui refusait le lien de subordination en entreprise. Il a vécu entre son village et Port-Gentil.
C’était aussi l’oncle maternel de Pierre Claver Akendengué, ils avaient la culture omiènè et la musique en partage. Ils avaient l’un pour l’autre une grande affection « Ombalo Déguisse ».
Il décède à Port-Gentil en 1987, en laissant le souvenir d’un altruiste-humaniste, ayant le sens du sacrifice pour les autres, la défense du faible (Ntchiré) et le souci de transmettre la tradition. Un vrai rempart, une sentinelle comme il n’y en a plus de nos jours.
Il a eu cinq enfants ( Essonghé Jeanne, Wora, Ngwèyèno, Eténo, Bita).
Sa fille
Jeanne Bushnell (80 ans)
Sa descendance
Son petit-fils, sa petite-fille, son neveu, la femme de son neveu.
Source : Sa fille Jeanne Bushnell (80 ans) ; sa petite-fille Sandra Bushnell, son petit-fils Rénamy dit Routier. Transcription : Joël Paul IGAMBA & Oma.