Qui était-il ?

Qui était-il ?

L'Homme

Ce patriote peu connu de l’intelligentsia locale, des nouvelles générations de Gabonais et d’Africains méritent mieux, même s’il n’a pas pu émerger et jouer le rôle qui aurait pu être le sien sur la scène politique du Gabon dans les années qui ont suivi l’indépendance

Il convient cependant de signaler l’ouvrage Histoire du Gabon – Des origines à l’aube du XXIe siècle de l’historien gabonais Nicolas Metegue N’nah, dans lequel l’auteur fait état de la volonté de ce patriote de résister à la domination coloniale, et qui, pour ce faire avait organisé un mouvement politique à Port-Gentil.

Dans le même ordre d’idées et hors du Gabon, il a retenu l’attention de Georges Balandier et Florence Bernault,  spécialistes de l’Afrique, qui ont exprimé tour à tour un point de vue critique sur sa vision du monde et ses idées politiques

Georges Balandier dans un article intitulé « Contribution à une sociologie de la dépendance », publié en 1952 dans les Cahiers internationaux de sociologie, écrivait à propos de ce patriote : « Nous avons pu, dans un travail récent élaboré à partir d’un document biographique, donner l’analyse d’une sorte de mythe exaltant la science, la fraternité spirituelle et l’harmonie des êtres supérieurs, par l’élaboration duquel un jeune Gabonais tenta d’échapper à une situation de dépendance qui lui était insupportable »

Benoît Ogoul’Iquaqua, fils de Joseph Iquaqua et d’Adèle Egoni, est né le 9 février 1902 à Port-Gentil dans la province de l’Ogooué-Maritime, dans une famille de dix enfants dont il était le deuxième. Il perd son père très tôt. En 1915, il entre à l’École Urbaine d’Enseignement Général de Libreville. C’est sous la direction de M. Henri Caillarec son maître, qu’il se fait apprécier par son ouverture d’esprit, sa volonté d’apprendre et la vivacité de son intelligence. 

Cinq ans plus tard, il est lauréat du concours de fin d’année et obtient son diplôme de fin d’études avec la rare mention Très bienCe cycle terminé, il devait se rendre au Sénégal pour étudier la médecine. Mais la mort de son père l’amenant précocement à jouer le rôle de chef de famille, il décida de rester auprès de sa mère, de ses frères et sœurs dont il était devenu le principal soutien.

Un insoumis

À la disparition du Chef Supérieur des Orungu, Rébéla Ozwa, décédé le 31 décembre 1931, au village Nyolokwè, il se trouve devant un tournant crucial de sa vie. L’administration coloniale ayant alors invité les Orungu à se choisir un nouveau Chef Supérieur, Benoît Ogoul’Iquaqua est proposé et plébiscité par les notables de sa communauté pour occuper ce poste.

À peine élu, le nouveau « Chef Supérieur » des Orungu pose devant le Résident français de la circonscription, les grandes lignes des mesures qu’il entend prendre pour faire face à la décadence que connaissent le pays et le peuple orungu. C’est « l’Acte du 1ᵉʳ juillet 1932 » qui propose une nouvelle ère dans les rapports à établir avec l’occupant.

Voilà donc qu’en plein « essor » de la colonisation, un autochtone, un fils du pays, osa penser ouvertement au devenir de son peuple et proposer une ligne d’action. Cela était évidemment contraire aux intérêts du colonisateur, et fut aussitôt considéré comme subversif.

La sanction fut immédiate. Il fut condamné à 10 ans de prison puis déporté (c’est-à-dire envoyé de force) en Oubangui-Chari (actuelle Centrafrique) et détenu à Bambari. L’Oubangui-Chari était le lieu d’exil et d’enfermement des prisonniers politiques venant notamment du Gabon.

Benoît Ogoul’Iquaqua y rencontra une autre figure de la résistance contre le régime colonial érigé au Gabon, Léon M’ba. De cette rencontre naîtront une amitié et un respect mutuel.

Il fut libéré en 1936, grâce à la loi d’amnistie du Gouvernement Léon Blum.
De 1944 à 1949, il assura les fonctions de chef de canton (canton Orungu-Mer), démuni de tout moyen pour mener à bien les changements qui s’imposaient. Devant l’immobilisme de l’Administration coloniale pour satisfaire les besoins des populations dont il avait la charge, il n’hésita pas le 20 mai 1949 à présenter au gouverneur-chef du territoire du Gabon sa démission.

Le 23 août 1958, de Port-Gentil, il adresse un télégramme au Général de Gaulle lors de son passage à Brazzaville pour le soutenir dans « la voie du changement, de l’autodétermination des peuples colonisés ».

Après le succès obtenu par le Général de Gaulle au référendum de 1958 [28 septembre], il lui envoie le 6 octobre 1958 un autre télégramme pour le féliciter, tout en espérant le « raffermissement de la société française et l’arrêt de la guerre en Algérie ».

Et lorsque la « cause commune » triomphe en 1960, Léon M’ba accède à la magistrature suprême, devenant ainsi le 1er Président du Gabon. Benoît Ogoul’Iquaqua, quant à lui, verra le « cercle du pouvoir » se fermer hermétiquement devant ses pieds. Peut-être n’avait-il pas su faire allégeance à l’ancienne puissance coloniale ? Pourtant, il avait l’ardent désir de contribuer à l’édification de son pays qu’il aimait tant.

La question de la spoliation coloniale (Terres ancestrales, Lieux sacrés et Manne pétrolière).

Le 15 décembre 1958, deux ans après la découverte du pétrole à Port-Gentil, il ne manqua pas d’attirer l’attention du Général de Gaulle, Président du Conseil, sur un sujet sensible, celui de la répartition équitable des fruits de l’exploitation de « l’or noir » sorti de la terre de ses ancêtres.

Avant cette requête adressée au Général de Gaulle, un collectif de notables orungu dont il était membre, avait déjà formulé en juillet 1957 des doléances sur la question du partage de la manne pétrolière auprès du Haut-Commissaire de la République, Gouverneur Général de l’Afrique Équatoriale Française. Mais celles-ci étaient restées lettre morte.

Au cours de l’année 1960, il écrit à M. Marquelet, directeur de la Société des Pétroles d’Afrique Équatoriale Française (SPAEF, qui deviendra Elf-Gabon puis Total-Gabon), pour rappeler le droit de propriété du Gabonais en général et de l’Orungu en particulier sur les terres du Cap Lopez, Pointe Apomandé, Ossengatanga, Aloumbè, Gongoué (Etazanima), M’bilapé et Yombè…

Il dénonce également la profanation et la destruction des « Ambiros » (lieux saints) et places sacrées (Pointe Fétiche, Gongoué…) des Orungu occasionnées par l’exploration et les installations pétrolières, et demande la réparation du préjudice causé.

Au-delà des humiliations, de la déportation, de la privation de liberté, de la souffrance physique et psychologique, de la perte de dignité, Ogoula Iquaqua Benoît s’impose une autre mission. Celle d’explorer, de reconstituer le passé, la mémoire de son peuple, dont l’histoire est restée éparse.

C’est tout cela qui a fait germer en moi l’idée, puis le projet de faire connaître et surtout, partager avec le plus large public possible son engagement, son action, ses écrits, et ses « archives » en entreprenant la mise en forme et la publication de ce livre. Devoir de mémoire oblige.

En 1971, admis à faire valoir ses droits à la retraite, il regagne Port-Gentil sa ville natale où il se met à la disposition de sa famille, de ses amis et de ses compatriotes. Il y décède le 3 mars 1980.

Couronne royale reçue d'Espagne par Ikinda

Couronne du roi Ombango Rogombé dit Ikinda (règne 1840-1862, neuvième dans la dynastie des treize rois orungu). Ikinda signifie : le roi est un serviteur du peuple

sa famille

Enfants OIB, petite-fille, arrière-petite-fille et 1ʳᵉ épouse.

OIB & son épouse, Mme Avaro Germaine, et famille Ayo (descendants Roi Rapotchombo). Cette famille a des racines reconnues chez les Oroungou « Aboulia ». En souvenir de l’Affection réciproque de cette époque.

OIB & le patriache Igamba Paul

mot de consolation à sa mère

Chère Maman,
Je t’envoie une consolation et un espoir.
Aie confiance en l’avenir et sèche tes larmes.
Je te jure par les Mânes de mon père et de tous mes aïeux que
nous nous reverrons
A la terre où tu me donnas le jour.
Au revoir Maman.
Ikuakua
(Le texte figurant sur la photo adressée à sa mère est reproduit in
extenso ci-dessus).

– Sa mère, Égoni Adèle  

– Son père, Iquaqua Joseph.

Chère Maman,
Je t’envoie une consolation et un espoir.
Aie confiance en l’avenir et sèche tes larmes.
Je te jure par les Mânes de mon père et de tous mes aïeux que
nous nous reverrons
A la terre où tu me donnas le jour.
Au revoir Maman.
Ikuakua
(Le texte figurant sur la photo adressée à sa mère est reproduit in
extenso ci-dessus).

– Sa mère, Égoni Adèle  

– Son père, Iquaqua Joseph.

FR
Retour en haut